De l’art de contrarier le temps qui passe

 

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Si,

chaque année

je monte

tout en haut de ma montagne……..

 

 

Sûr que je conjure le temps

et les années sournoises !

Car il est long et difficile le chemin qui monte 

tout là-haut

 

oh Faust !

jouvence !

en montant si haut,

j’évite soigneusement les lieux qui nous ont vu ensembles

les villes les rivières et toutes les herbes bleues

j’oublie les ans accumulés 

les chagrins

les erreurs

et je suis fière de moi l’espace d’un instant

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Fronleichname en Appenzell

          Elles marchent comme des reines

sûres d’elles,

de leur beau costume,

de leur coiffe superbe.

Elles sont d’ici

comme l’étaient avant elles leur mère

et les mères de leurs mères.

Leur ferveur me touche et m’épouvante

je voudrais, l’espace d’un moment

parler comme elles

penser comme elles

être des leurs,

marcher, enfin, au même pas.

J’ai presque envie de pleurer,

 étrangère, étrangère………

c’est ridicule, le soleil est si clair…

les dentelles, les chapelets, les lourds bijoux d’argent, tous semblables, la ferveur

qu’est ce que je sais de ça !

le soleil est si clair en ce jour de Fête-Dieu

la montagne, les prairies et toutes les rivières me chuchotent tout bas

« 

Fronleichname en Appenzell

esquisse à l’encre – MB

 » tu es ici chez toi, tu es ici chez toi…. »

.

Fronleichname en Appenzellerland

esquisse encre sur papier – Marie B

Antonio Machado

.……….. le chemin…….

Caminante

Caminante, son tus huellas
el camino, y nada más;
caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace camino,
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de pisar.
Caminante, no hay camino,
sino estelas en la mar.

Marcheur, ce sont tes traces

ce chemin, et rien de plus ;

Marcheur, il n’y a pas de chemin,

Le chemin se construit en marchant.

En marchant se construit le chemin,

Et en regardant en arrière

On voit la sente que jamais

On ne foulera à nouveau.

Marcheur, il n’y a pas de chemin,

Seulement des sillages sur la mer.

jour d’automne dans l’Alpstein

Encore une dernière fois

avant que l’hiver ne vienne

monter tout la-haut

seule et forte

invulnérable de ce bonheur-là

……Ils étaient là.

indifférents à ma curiosité

impassibles et souverains

J’ai salué chaque dentelle de pierre

chaque brin d’herbe

heureuse jusqu’à la déraison

C’était ma tournée d’adieu,

car, demain,

je pars……

je serais absente 3 semaines

loin des montagnes, des bouquetins, du quotidien…

A bientôt

Montée au Säntis


Rougeoyant au soleil couchant

escamoté de brumes

de pierres dures et âpre

ou blanchi de neige nouvelle

je sais qu’il est là

juste sous mes fenêtres

même si je ne le vois pas

il est là


Ce matin de dimanche

prendre grand souffle

et grand courage

pour monter tout là-haut

Merveille des merveilles

le souffle court

le regard large

fierté et stupeur mêlées